Nous publions ici une interview intéressante publiée dans Le Soir avec l’écrivain belge néerlandophone Dimitri Verhulst qui attaque les flamingants de front (la seule façon de les combattre de façon efficace). Le B.U.B. soutient évidemment un tel discours et nous avons mis en gras les passages les plus marquants.
We publiceren hier een interessant interview van Le Soir met de Belgisch-Nederlandstalige schrijver Dimitri Verhulst die de flaminganten frontaal aanvalt (de enige manier om hen efficiënt te bestrijden). De B.U.B. ondersteunt natuurlijk zo’n discours et wij hebben de meest markante passages in het vet gezet.
LE SOIR
« Ce sont les gens comme Bart De Wever qui salissent mon nid ! »
BEATRICE DELVAUX
mercredi 28 septembre 2011, 13:28
Dimitri Verhulst est flamand, écrivain, adulé par ses lecteurs. Mais il est conspué par les flamingants. Il le leur rend bien : il a choisi de vivre en Wallonie. Par Béatrice Delvaux
ENTRETIEN
Dimitri Verhulst
A 37 ans, il est un écrivain reconnu, couronné de prix pour « La merditude des choses », traduit en français. « De intrede van Christus in Brussel » (uitgeverij Contact) sera traduit en français chez Denoël. L’auteur aurait voulu, vu le thème du livre, que les deux versions paraissent en même temps, car il aime l’idée d’une littérature belge.
Engagé contre le racisme, il a participé aux concerts 0110 de Tom Barman. Contre le nationalisme il a signé le « Niet in onze naam ».
Il est né à Alost et vit à Huccorgne. Il a un enfant.
Pour les flamingants, Dimitri Verhulst salit ses origines. L’écrivain est pourtant très populaire. Sa Merditude des choses fut un best-seller en livre et au cinéma (en français aussi). Chacun de ses nouveaux romans est un événement. Le problème ? Il a quitté la Flandre, Gand en particulier, début 2000 parce qu’il ne supportait plus le racisme latent, la présence étouffante du Vlaams Belang. Avec son épouse, il a mis le cap sur la Wallonie et Huccorgne, près de Huy. Par hasard, par amour de la nature. Mais sans arrêter de dénoncer cette Flandre dont il stigmatise à l’arme lourde – sa plume – le nationalisme, l’étroitesse d’esprit, le fanatisme.
L’entrée du Christ à Bruxelles son dernier roman (1), n’échappe pas à la règle. Le jeune alostois (38 ans) livre un manifeste politique, qui met en scène la Belgique de ces derniers mois, en faisant appel au Christ qui soudain, par dépêche, annonce sa venue à Bruxelles le 21 juillet. Panique et espoir soudain à bord de ce petit pays qui ne va pas bien du tout. Qui va composer la délégation ? Quel chant entonner ? L’occasion pour l’écrivain d’une gigantesque virée bruxelloise mais surtout d’une plongée dans le musée des horreurs belges : le nationalisme, l’église, son pouvoir, sa pédophilie, les sans-papiers, la presse… Tout y passe, avec férocité, talent. Sans pitié.
« Je vis ici, je suis donc bien placé pour écrire sur cette Belgique de maintenant. A la manière de Stefan Zweig qui a écrit de grands livres pour prendre ses responsabilités par rapport à la réalité. »
Pourquoi faire appel au Christ pour parler de la Belgique ?
C’est Balzac qui le premier a imaginé « Jésus-Christ en Flandre ». Ensor l’a transformé en peinture. Dieu, cela représente la conscience. Une force qui pour moi n’existe pas mais qui de l’extérieur, met en question. Ce n’est pas la première fois que la Belgique se met en question. Et ce n’est pas mauvais. Le problème est que ces interrogations sont nourries par la haine et les clichés.
La Belgique qui se meurt, cela vous touche ?
Je suis émotionnellement impliqué avec les différentes valeurs que porte ce pays : la liberté d’expression, la solidarité, le soutien aux pauvres. Nous étions une sorte de guide en Europe. Mais je ne suis pas émotionnellement impliqué avec l’Etat belge. C’est en cela que ce pays est fantastique.
On peut être belge et ne pas connaître la Brabançonne, ne pas avoir la photo d’Albert II dans sa chambre. Or c’est ce type de nationalisme que les Flamands veulent installer. Mon caractère ne doit pas être déterminé par la place où je suis né, mon drapeau. Or en Flandre, on commence à rechanter les chants nationaux. Le nombre de gens qui connaissent le Vlaamse Leeuw : c’est angoissant ! Et que quelqu’un comme Siegfried Bracke, comme Napoléon, avec ses doigts sur la poitrine, le chante tout en se revendiquant « penseur indépendant » : j’ai mes doutes !
Vous n’épargnez pas la Flandre ?
Beaucoup de Flamands me disent que je suis un « nestbevuiler » (salisseur de nid, NDLR). Mais ce sont les gens comme Bart De Wever qui salissent mon nid. Je ne suis pas rempli de haine pour la Flandre mais je trouve très important que les Flamands se posent des questions. Les Wallons aussi bien sûr. C’est le rôle de l’artiste de leur tendre le miroir, or en Flandre, ils ne sont pas prêts, tellement ils sont remplis par la pensée de l’indépendance. Mais quand ils sont confrontés à quelqu’un qui est indépendant, ils ne le supportent pas. C’est lâche !
Vous n’êtes pas un bon Flamand ?
Ce discours pue. Il n’y a jamais eu de bon Belge, cela n’était pas nécessaire, on était Belge de naissance. Bon Flamand : cela voudrait dire qu’on a une description très précise de l’image d’une nationalité. C’est une idée de droite dangereuse et angoissante.
C’est le message du livre ?
Pas seulement. J’ai surtout voulu montrer le ridicule de notre situation. Où l’on va jusqu’à se disputer sur le type de musique à diffuser dans le métro ! C’est incroyable de voir comment un peuple est comme des moutons qui courent derrière un berger. L’indépendance : tous sont aveugles et suivent un homme. D’abord Leterme et puis après De Wever. Comme si une communauté ne pouvait accepter que la vérité a beaucoup de couleurs. La politique peut être faite d’opinions différentes. Et pendant ce temps, il existe des sujets oubliés, comme ces gens qui ne peuvent plus payer leur médecin, à Bruxelles, à Alost, à Liège. Et un gouvernement tombe sur un arrondissement ! Je suis certain qu’à Huccorgne comme en Flandre occidentale, tout le monde se fout des communes à facilités.
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