Le texte ci-dessous est écrit à titre personnel par un sympathisant de notre parti. Bien que le B.U.B. ne partage certainement pas tous ses points de vue (par. ex. sur la scission de BHV, ses propos sur une fédéralisation accrue du pays – le B.U.B. n’acceptera jamais la moindre défédéralisation – ou là où il s’agit des règles de parité), nous publions néanmoins ce texte fort intéressant.
LA PROVINCE DE BRABANT
Champ de bataille communautaire ?
ou
Pôle de stabilité, d’échange et de croissance pour tout le pays ?
Édition bilingue néerlandais / français (nederlandse versie nog te vertalen)
Couverture : province de Brabant entière traversée par la dorsale Antwerpen / Bruxelles / Charleroi
Prologue (et dos de couverture)
Lors de la réforme de l’Etat de 1992-93, le statut d’une des neuf provinces de la Belgique, la province de Brabant, a été modifié en dernier lieu, longtemps après les autres provinces. Pourquoi aura-t-il fallu tant de temps pour déterminer le sort de cette province ? Quels sont ses enjeux ? Son histoire politique est-elle distincte de celle des autres entités du pays ? Quel modèle a inspiré le découpage ? Quelle est son implication dans le dossier communautaire et le développement de chacune des régions de la Belgique ? Pourquoi la Wallonie tarde-t-elle tant à opérer son redressement ? La compréhension de la complexité et la résolution du statut de cette province peuvent-elles contribuer à résoudre le contentieux communautaire et faciliter la réforme de l’Etat de manière démocratique ? Cette province est-elle un fardeau ou un atout ? Autant de questions auxquelles la présente étude tente de répondre. Bonne lecture.
PARTIE I
LA PROVINCE DE BRABANT :
ASPECTS HISTORIQUES, POLITIQUES, LINGUISTIQUES
& DÉVELOPPEMENT
ORIGINE DU PROBLÈME : LE MORCELLEMENT DE LA PROVINCE DE BRABANT
Si le tracé de la frontière linguistique pour les provinces autres que celle du Brabant s’est relativement bien établi après le règlement de quelques problèmes mineurs (Fourons, Comines, Mouscron) et la promulgation des lois linguistiques Gilson, le morcellement de la seule province de Brabant, décidé au début des années ‘60 (dans le contexte international tendu de la guerre froide et de la décolonisation) fut tellement pénible que les deux plus grandes régions, la Flandre et la Wallonie, parviendront à « s’entendre » après trente ans d’âpres négociations, en agrandissant chacune leurs « territoires » au détriment de la province de Brabant dont elles reçoivent chacune des parcelles, rendant une scission effective en 1995 seulement, après la révision constitutionnelle de 1992-1993.
Il s’avère en 2010 que le découpage de la province de Brabant issu de ces accords pose des difficultés de plus en plus graves. Pourquoi ? Parce que sa population est fondamentalement hétérogène, germano-latine pour l’essentiel, mais aussi pour des raisons politiques et historiques que nous énoncerons plus loin.
Jusque là bilingue grâce à la liberté et à la spontanéité des échanges, la composition de la société brabançonne est modifiée artificiellement et gravement sous le poids des nouvelles structures administratives. Bruxelles devient un îlot francophone encerclé dans une nouvelle Flandre agrandie…
Ce point mérite l’attention des politologues et des universitaires : « Les conséquences des choix politiques, institutionnels et administratifs sur la composition de la population, l’entente, la linguistique, le développement, la mobilité, etc. ».
Le Brabant devient le champ de bataille d’un interminable jeu d’échecs communautaire où les interventions des deux plus grandes régions créent d’abord un problème local qui devient ensuite un problème national:
- La Flandre veut éviter la francisation et met en place la politique du Gordel et de ses avantages, ce qui permet de freiner la francisation mais a aussi pour effet un exode des néerlandophones de Bruxelles.
- Renforcement de la présence des francophones à Bruxelles, qui craignent d’être annexés.
- Installation de l’administration régionale flamande à Bruxelles, paradoxalement quasi-désertée par les néerlandophones alors que le véritable cœur de la Flandre est situé historiquement à Bruges ou économiquement à Anvers aujourd’hui.
- Resserrement d’un lien Wallonie-Bruxelles par le biais de la Communauté Française, avec une revendication officieuse de couloir pour les francophones enclavés qui risquent de perdre une partie de leurs droits démocratiques dans la périphérie.
- Plus forte économiquement, la Région Flamande adopte une politique de qualité de vie et d’avantages fiscaux supérieurs au Brabant néerlandophone, ce qui accentue l’exode des néerlandophones de Bruxelles et crée, en plus, une sorte d’étau fiscal enserrant la Région de Bruxelles-capitale, dépourvue de compétences et contrainte à quémander des refinancements au fédéral (et indirectement aux Régions Flamande et Wallonne) – le fameux dossier du « refinancement de Bruxelles ».
- Cette dichotomie entraîne une forme subtile de tri de la population, les nouveaux immigrants se concentrent sur Bruxelles.
- Remise en cause du statut de l’arrondissement BHV et des droits démocratiques des francophones existants, tandis que des Bruxellois font des calculs de réclamation d’indemnités pour les problèmes d’asphyxie fiscale et de mobilité et préparent des demandes de rattachement pour plusieurs communes de la périphérie, la province de Brabant n’en finit pas d’être morcelée.
- Démission pour raisons communautaires de plusieurs gouvernements élus démocratiquement.
- Les Brabançons dépourvus de leur propre autorité sont divisés et radicalisent leurs différences, obligés de répondre à deux autorités nouvelles et concurrentes.
Les deux grandes régions sont incapables de s’imposer individuellement au Brabant :
- 50% de la population (francophone) refuse une tutelle flamande et
- 50% de la population (néerlandophone) refuse une tutelle wallonne
Dans un entretien accordé à la RTBF[1] le 26 avril 2011, Valmi Féaux, premier gouverneur du Brabant wallon (ou Brabant francophone) à partir de janvier 1995 nous livre sa précieuse expérience et les raisons pour lesquelles selon lui « la scission était inévitable » :
“C’était devenu ingérable“, affirme-t-il. “Le Brabant faisait partie de deux régions, la Flandre et la Wallonie et répondait donc à des décrets différents. Nous étions, brabançons wallons, dans certains domaines, lésés. Il y avait constamment des conflits. […] Si vous voulez un exemple que j’ai bien connu, ayant été ministre de l’eau à la région wallonne, la politique de l’eau était une politique très différente en Wallonie et en Flandre“, poursuit le socialiste.
“Du côté flamand, la province de Brabant était obligée d’intervenir financièrement car la politique d’épuration des eaux, en Flandre, impliquait les provinces. Alors qu’en Wallonie, l’épuration des eaux était gérée par les intercommunales et n’impliquait donc pas les provinces. Il fallait donc trouver des compensations. C’était ingérable“, ajoute Valmi Féaux. « On a donc divisé le Brabant et dès janvier 1995, la province du Brabant wallon était née ».
L’expérience utile de Valmi Féaux confirme que la scission de la province est due à l’exercice frictionnel de deux autorités différentes. Néanmoins, plutôt que la scission, un autre scénario était possible : celui de doter la province de Brabant de compétences propres, au même titre que les régions flamande et wallonne. Dans l’exemple précité, il suffirait d’adopter un régime de gestion harmonisé de l’eau (basé sur les intercommunales ou non) pour tout le Brabant.
Donc, dans l’état actuel des choses, aucune des deux tutelles n’est opérationnelle. Plus grave, le morcellement représente un véritable danger potentiel, dont la responsabilité directe incombe à la Flandre et à la Wallonie.
Le malaise s’étend à tout le pays, particulièrement en période électorale. Ce malaise est aussi le symptôme de dysfonctionnements démocratiques importants et irrésolus au Brabant qui est :
- Majoritairement annexé par la Flandre et la Wallonie, et réduit au reliquat de 19 communes bruxelloises
- Inégal en matière de représentation électorale (par exemple, 2914 voix suffisent à un candidat néerlandophone contre 7474 voix à un candidat francophone pour être élu à Bruxelles).[2]
- Connaît régulièrement des problèmes de nomination de bourgmestres dans la périphérie, etc.
Autres effets négatifs du découpage : des zones unilingues exclusives se forment, l’administration bilingue et l’usage du bilinguisme disparaissent, creusant un fossé d’incompréhension de plus en plus profond entre les communautés. Or c’est la langue qui est le véhicule de la culture.
Bruxelles devient une ville unilingue, presque banale, au risque de perdre son caractère germano-latin et son argument de représentativité européenne. Le bilinguisme ne vit plus au Brabant, il se perd même à Bruxelles, où des Bruxellois posent la question de son coût et de son utilité. Certains proposent d’instaurer la langue anglaise, mais au risque de perdre nos identités et d’aggraver l’incompréhension entre les deux communautés.
Les résultats des élections du 13 juin 2010 effraient d’abord les francophones qui perçoivent ceux-ci comme un mirage idéologique médiéval, puis se rendent compte et acceptent que la Flandre revendique un grand nombre de compétences nouvelles, mais les négociations se bloquent à nouveau sur le Brabant.
DIMENSION INTERNATIONALE DE LA CRISE COMMUNAUTAIRE
Plusieurs think tanks s’organisent, soucieux pour la plupart de valoriser nos atouts communs, examinent diverses formes de développement et de financement pour Bruxelles, ou bien définissent les nouveaux contours d’une zone de développement métropolitain qui exclut l’arrondissement de Leuven pour ne pas « trop mordre sur le territoire flamand », ainsi que la Wallonie, et créerait un déséquilibre important, car une zone de développement majoritairement francophone/anglophone écraserait la zone d’échange traditionnelle du Brabant, conduisant au pire à une scission de facto du pays suite à la dissolution des liens intérieurs ou à une mutation de l’Etat Belge vers un Etat inconsistant gouverné à partir de l’extérieur. La Belgique serait alors privée de sa propre dynamique liée aux échanges intérieurs et d’autres centres de décision, fussent-ils l’œuvre d’une création Belge, seraient alors délocalisés vers d’autres capitales suite au manque de consensus national.
La tentation est grande de recourir à des appuis extérieurs, certains francophones misent sur l’immigration ou l’expansion anglophone pour contrer le nationalisme flamand, installent progressivement le français et l’anglais dans un nombre croissant d’hôtels et de restaurants à Bruxelles au lieu de respecter l’usage du bilinguisme français/néerlandais. Bruxelles risque de devenir une sorte de Cité-Etat de plus en plus indépendante et distante des deux peuples qui l’ont créée, les Flamands et les Wallons. Avant de prévoir de nouvelles structures d’accueil, il conviendrait de régler le dossier communautaire linguistique intérieur.
Sensibilité du communautaire aux tensions géopolitiques
Les pics de tensions communautaires semblent coïncider aux tensions géopolitiques voisines ou mondiales, parfois tels des signes avant-coureurs, notamment lors de l’appel de Jules Destrée en 1912, les problèmes de collaboration pendant les deux dernières guerres, une tension importante dans les années 1960 lors de la guerre froide, et à présent, depuis que l’axe franco-allemand, ossature de l’intégration économique européenne pendant quelques trois décennies, tend à s’effacer à partir de 2005 environ devant un nouvel axe Paris-Londres qui privilégie une coopération financière et stratégique. Une fissure apparaît dans l’espace germano-latin dont la Belgique est le centre. Il serait prétentieux de dire que la petite Belgique peut prévenir une potentielle fracture continentale, mais des mesures peuvent être prises à notre niveau, principalement en unissant nos efforts et en faisant les meilleurs choix dans la gestion communautaire et notre contribution à la cohésion européenne.
Si la prospérité du Brabant est due aux poussées conjointes de la Flandre et de la Wallonie, des risques de pressions géopolitiques extérieures peuvent s’ajouter. Les fondateurs de la Belgique avaient sagement prévu le statut de neutralité (un statut toujours d’application en Suisse, par exemple, qui se protège ainsi des tiraillements entre l’Allemagne, la France et l’Italie).
Depuis l’Antiquité, la Belgique a presque toujours connu la suprématie de la première puissance mondiale du moment, notamment depuis l’Empire Romain, le Royaume d’Espagne, l’empire austro-hongrois, l’empire napoléonien, le Royaume des Pays-Bas sous Guillaume d’Orange Nassau qui établit les premières limites administratives néerlandophones, le Reich allemand, et sans surprise les Etats-Unis d’Amérique aujourd’hui – ce dont témoigne la substitution du bilinguisme français-néerlandais par l’anglais-français à Bruxelles. Les risques de dissolution ou d’ingérence ne sont pas nouveaux en Belgique, ce phénomène s’est produit à plusieurs reprises dans le passé, entraînant les conflits d’intérêt ou de collaboration et les résultats que l’on connaît. La Belgique est très petite : Flamands et Wallons sont condamnés à s’entendre s’ils veulent éviter les dissensions internes et rester libres !
CAUSES DE L’ÉCHEC DU DÉCOUPAGE BRABANÇON
- L’accord entrepris dans les années ’60 en période de tension et entériné en 1992-93, soit trente ans plus tard, ne satisfait pleinement aucune des parties car il :
- crée des blocages au sein du Brabant et divise sa population.
- ne répond pas aux demandes d’autonomie de gestion et de protection linguistique de la Flandre.
- désoriente et appauvrit la Wallonie.
- Absence de consultation locale de toute la population du Brabant concernant ses besoins.
- Absence de concertation et de gestion commune des élus du Brabant.
- Fragmentation de l’autorité politique du Brabant, la plus apte à gérer la question linguistique locale.
- Problème de modèle conceptuel : en fouillant l’histoire, on constate que le modèle qui aurait le plus inspiré le découpage actuel du Brabant (division entre Flamands et Wallons, capitale flamande à Bruxelles, capitale wallonne à Namur) serait celui mis en place sous l’occupation allemande par le gouverneur général Von Bissing dans une lettre envoyée à l’empereur Guillaume II le 6 avril 1917:
- « Comme premier pas, j’ai, d’après l’avis de cette commission, divisé, par ordonnance du 21 écoulé, le territoire du gouvernement général en deux régions administratives, une flamande et une wallonne. En prenant pour base la limite linguistique, ces deux territoires sont bornés par les frontières des provinces et il n’y a que le Brabant qui sera divisé en deux ». […]
- « les ministères wallons seront transférés à Namur, tandis que les [ministères] flamands resteront à Bruxelles ».
Bref, un modèle anti-démocratique, conçu par un occupant militaire, répondant à des intérêts autres que ceux de la population locale. Est-on bien conscient que l’on déploie aujourd’hui et depuis de nombreuses années une grande part de nos efforts communautaires et parlementaires à contre-courant, sur la base d’un modèle extérieur suranné et conçu en temps de guerre ?
Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que, même dans le chef d’un occupant étranger, une scission nette n’est pas envisageable, dixit toujours ledit gouverneur-général: « Il faut montrer, en outre, qu’il y a entre Flamands et Wallons beaucoup de relations économiques qui doivent continuer après la séparation, si l’on ne veut pas que tous deux, ou au moins l’un des deux, ne subissent des dommages ».
CE QUE L’HISTOIRE NOUS APPREND ENCORE:
Flandre et Brabant: un millénaire d’histoire commune, deux autorités différentes
Du point de vue politique, la Flandre et le Brabant ont été des comté et duché distincts pendant un millénaire.
- « Vers le milieu du XIe siècle, l’ancien Brabant était complètement morcelé : toute sa portion occidentale appartenait au comte de Flandre et au comte de Hainaut”. […] « Un traité de paix fut finalement signé en 1194, fixant définitivement les frontières entre le Brabant et le Hainaut ».[3]
Les visées du Hainaut et de la Flandre sur le duché de Brabant ne datent pas d’hier. La signature de ce traité de paix nous rappelle singulièrement les régions de Flandre et de Wallonie lors de leur « entente » sur le partage de la province de Brabant officialisée en 1992-93.
- « Par la suite, le duché s’étendra encore vers l’est, et, après sa victoire à Worringen en 1288, formera avec le duché de Limbourg une alliance qui durera près de cinq siècles. Devenu riche et puissant, le duché de Brabant peut aussi s’affranchir de l’Empire romain germanique. Économiquement, le duché va jouer un jeu égal avec son voisin, le comté de Flandre. En 1312, le duc Jean II de Brabant donne une constitution au duché en signant la Charte de Kortenberg, qui fut complétée par la suite en 1356 par l’acte de Joyeuse Entrée».
Autre enseignement de l’histoire : le Brabant et la Flandre prospèrent grâce à une alliance de cinq siècles avec un duc flamand. Donc pas une annexion ou une domination, mais une alliance, comme celle proposée dans la présente note. Le Brabant et la Flandre ont tout intérêt à se reconnaître mutuellement et à s’allier.
- Les présences espagnole, autrichienne, française et hollandaise contribuent, non sans heurts, à la vocation européenne du Brabant.
- Lors de son accession au pouvoir en 1780, l’empereur d’Autriche Joseph II entreprend un vaste programme de centralisation du pouvoir impérial et de restriction des libertés corporatives et locales. En particulier, sa décision de dissoudre le Conseil du Brabant marque, dès 1787, deux ans avant la révolution française, le début de la révolution brabançonne.
– Au Brabant, la rébellion est menée par l’avocat Van der Noot
– En Flandre, Gand et Bruges sont libérées par les indépendantistes Vonckistes
- Un scénario similaire se reproduit face au pouvoir des Pays-Bas lors de la révolution belge de 1830. On constate l’échec des visées impérialistes espagnole, autrichienne, française et hollandaise. Plus prudente, l’Angleterre – pourtant alors en position de force – choisit d’adopter un rôle constructif de médiateur qui permet d’aboutir à la création de l’Etat Belge en 1832.
- Pour l’histoire contemporaine, hormis les découpages des occupations allemandes également soldées par des échecs, le Brabant est ensuite resté institutionnellement stable et entier pendant presque deux siècles, comme province belge depuis 1830, jusqu’à la scission de 1992-93.
FLANDRE & WALLONIE RÉGIONS UNILINGUES / BRABANT RÉGION MIXTE
Autre différence fondamentale entre la Flandre / la Wallonie et le Brabant: le Brabant est une région mixte, qui compte aujourd’hui un nombre équivalent de francophones que de néerlandophones. Le Brabant a évolué au cours des siècles pour accueillir des artisans et des commerçants venant de Flandre et de Wallonie pour tenter leur chance à Bruxelles. Les sangs et les cultures y sont mêlés. Confluent naturel ? Destin ? La mixité linguistique caractérise en tout cas le Brabant comme une région « élite », un joyau multiculturel au cœur de la Belgique et de l’Europe, où les cultures germanique et latine se rejoignent.
QUELS SONT LES OBJECTIFS DU MOUVEMENT FLAMAND ?
Une question se pose concernant les objectifs du mouvement flamand, né au début du XIXème siècle quand l’Anversois Hendrik Conscience lui donna ses premières lettres. Principalement axé sur la défense de la langue et du caractère flamands, ce mouvement est au départ un combat tout à l’honneur de la Flandre pour la défense des droits linguistiques élémentaires (par ex. juridiction néerlandophone, instauration du bilinguisme), la représentation démocratique, l’expression de l’identité flamande, la liberté économique, l’épanouissement culturel, etc.
Aujourd’hui, certaines des dernières revendications montrent que le mouvement s’écarte parfois de son objectif initial. La dynamique du mouvement s’emballe et devient difficilement maîtrisable, ternit parfois l’image de la Flandre auprès de ses partenaires, complique ses relations au sein de la Belgique, on l’observe avec prudence à l’étranger.
Certains penseurs du mouvement semblent confondre la Flandre et le Brabant, estimant que le Brabant est un territoire flamand à cause d’un apparentement dialectal et que les francophones du Brabant doivent s’intégrer à la Flandre. La différence historique et politique entre Brabant et Flandre est pourtant de taille : Bruxelles est historiquement brabançonne, siège d’un duché millénaire, souvent disputé au cours de l’histoire par les Comtés de Flandre et de Hainaut.
Cette analyse rappellera que, si la pression la plus forte exercée sur le Brabant semble venir de la Flandre, contrairement aux apparences, la Wallonie est également responsable.
Autre confusion également fort répandue, l’apparentement ou la similitude linguistique justifierait une extension de l’autorité territoriale de la Flandre au Brabant. Le Brabant comprend des néerlandophones comme en Flandre. Il ne reste qu’un pas à franchir pour assimiler les Brabançons à la Flandre.
Des nationalistes flamands semblent confondre défense des droits linguistiques et extension territoriale, deux choses différentes. Inconsciemment, par le biais de la langue, un lent processus d’annexion a lieu, entraîné par une confusion sur le tracé linguistique d’abord prévu pour des questions administratives et pratiques, lequel devient frontière linguistique, puis territoire, puis sol. Certains considèrent comme « sol flamand » cette terre englobée du Brabant qui s’étend hors de Flandre. La même chose vaut pour la Wallonie.
Un tel raccourci est peu justifiable:
- L’Allemagne cherche-t-elle à annexer la partie germanophone du Grand-duché de Luxembourg parce qu’il y a des germanophones ?
- La Hollande cherche-t-elle à annexer la Flandre parce qu’il y a des néerlandophones ?
- La France cherche-t-elle à annexer la partie francophone de la Suisse ?
Par ailleurs, du point de vue linguistique, le parler de Bruges, cœur historique de la Flandre, est différent du dialecte brabançon.
Le professeur Philippe Van Parijs de l’UCL voit dans l’idée de « cogestion de Bruxelles par les communautés flamande et française une logique de structure coloniale ». Nous ajouterons à cette observation judicieuse que le cadre des 19 communes bruxelloises doit être revu car une ville enclavée n’est pas gérable en termes de développement.
Du point de vue institutionnel, comment peut-on avoir arrêté les limites de la capitale à 19 communes de manière à ce que l’extension et la croissance de Bruxelles bénéficie à une seule communauté ?
Cette situation conduit à des dysfonctionnements importants en matière de développement régional : les Bruxellois sont écartés de la gestion d’infrastructures majeures du développement métropolitain / régional brabançon qui les concernent en premier lieu : le ring de Bruxelles, l’aéroport de Zaventem, le futur RER, etc. La tutelle flamande sur les infrastructures brabançonnes est légitime à 50% seulement puisqu’elle exclut la population bruxelloise de la gestion de ses propres infrastructures.
De plus, les Bruxellois francophones aux revenus les plus élevés qui s’installent en périphérie sont aujourd’hui comptabilisés dans les statistiques des comptes de la Région Flamande.
L’écart des avantages que la Région Flamande est en mesure d’offrir grâce non seulement à supériorité économique mais aussi à son occupation de l’espace d’extension nécessaire à la croissance bruxelloise, provoque un appauvrissement de Bruxelles, du chômage, ce que d’aucuns qualifient de « dumping social ».
La question peut se poser également de savoir si les investissements importants que la Flandre effectue au Brabant néerlandophone n’ont pas lieu au détriment des quatre provinces flamandes.
Plus grave, l’appauvrissement de la population bruxelloise d’une part et la radicalisation des brabançons néerlandophones d’autre part modifient fortement la carte de l’électorat, les enjeux électoraux, et attisent le feu communautaire.
Clairement, le contexte de développement spécifique de la Belgique exige que la liberté des échanges du Brabant avec la Flandre et la Wallonie soit garantie équitablement, sans léser aucune région.
Nous espérons que les responsables flamands pourront comprendre ces dernières observations du point de vue constructif général, dans l’objectif de résoudre le problème le plus objectivement possible. A charge de revanche, nous remercions la Flandre qui, à travers ses revendications tonitruantes, nous aura amenés à étudier et à reconnaître les aspects et les enjeux historiques, institutionnels et socio-économiques d’un pays que nous connaissons finalement fort peu. Nous espérons que ce pas important pourra contribuer à la mise en place d’une réforme démocratique et efficiente.
ET LE MOUVEMENT WALLON ?
S’il connaît un éveil avec des penseurs comme le Carolorégien Jules Destrée, qui plaide en 1912 pour une forte régionalisation au sein de la Belgique, rejoint par un certain nombre de sympathisants et de militants sans véritable volonté indépendantiste, le mouvement wallon semble s’être principalement développé en réaction au Mouvement Flamand. Les Ligues Wallonnes se plaignent de l’Etat Belge qui consacre la majeure partie des investissements aux infrastructures en Flandre alors que les Wallons se sont davantage battus pour obtenir l’indépendance nationale et payent alors la majorité des impôts. La vision qu’a Destrée d’une « Belgique faite de l’union de deux peuples indépendants et libres » se fera moins nette lorsque celui-ci s’étonnera de la complexité du Brabant, en particulier de Bruxelles, qu’il qualifie de « Cité des métis ». Un siècle plus tard, la Cité dont les métis sont devenus majoritairement francophones, continue d’empêcher les nationalistes de concrétiser leurs projets ou continue d’unir Flamands et Wallons, selon les points de vue.
Comme la Flandre, la Wallonie adoptera plus tard le schéma de séparation du gouverneur général Von Bissing, choisit Namur pour capitale et délaisse Charleroi, sa première agglomération, capitale logique et plus grand centre d’activité du Hainaut et de la Wallonie. Se pourrait-il que Namur eût été choisie comme capitale wallonne parce qu’elle offrait alors un site privilégié pour l’installation d’une kommandantur, sans disposer de la taille et des infrastructures d’une métropole ? Namur est une belle ville de province, un fleuron touristique de la vallée mosane et une porte vers les Ardennes, bien située pour bénéficier du développement de ses deux grandes voisines Charleroi et Liège. Cette dernière, considérée comme le premier foyer du mouvement wallon, est malheureusement trop décentrée pour être la capitale wallonne, mais elle sait heureusement tirer parti de sa position transfrontalière.
Aujourd’hui, qu’est-ce que la Wallonie ? « Sinon principalement la réunion du Hainaut et de la Principauté de Liège ? », citant ici de mémoire l’historien Hervé Hasquin capté fugitivement à la radio en décembre 2010. Il est possible d’en savoir plus en consultant les travaux menés au Musée de l’Art Wallon, à l’Institut Jules Destrée, ainsi que les apports culturels et historiques du Mouvement du Manifeste Wallon. En général, ces travaux sont un recueil de l’expérience et des ressources d’ingéniosité des ancêtres wallons dans lequel la nouvelle génération peut puiser lorsqu’elle est confrontée aux défis du présent et du futur. Par ailleurs, à titre de philologue, je crois que c’est le moment ou jamais d’intervenir pour sauvegarder un certain terroir et la pratique de la langue wallonne. La prestigieuse maison d’édition Assimil s’est en tout cas lancée audacieusement en publiant son Guide de conversation du Wallon. Il faut lire l’écrivain Arthur Masson pour savourer pleinement les couleurs d’un parler wallon entier, peut-être un des plus fédérateurs, à cheval entre le Namurois et le Hainaut, et avoir des amis à la campagne ou dans les quartiers populaires.
LE « BOULET » WALLON
Dès l’époque Celte, des traces attestent de l’activité métallurgique en Wallonie, mettant à profit les bois denses de grands arbres feuillus comme le chêne ou le charme pour allumer des feux puissants à partir de carrières ou de gouffres naturels comme les fondrys qui permettent d’atteindre des températures très élevées, et de transformer les minerais de fer en métaux de qualité.
Cette activité se poursuit lentement et sûrement au cours des siècles : invention de la méthode d’affinage de la fonte lors de la révolution industrielle du Moyen-Age[4] et du haut-fourneau à énergie hydraulique vers les XIVème et XVème siècles dans la vallée mosane lorsque le bois et le charbon de bois sont toujours les combustibles utilisés. L’exploitation généralisée des houillères en Principauté de Liège, au Pays Noir (où les gisements affleurent le sol) et au Borinage conduira ensuite à un essor industriel gigantesque. Dès le XVIIème siècle, des milliers de métallurgistes wallons émigrent pour exporter leur savoir faire dans plusieurs pays d’Europe comme la Suède, l’Allemagne et les autres continents. La main d’œuvre qualifiée et les ateliers wallons sont en première ligne lors de la grande révolution industrielle liée à l’invention de la machine à vapeur en Angleterre. En 1817, le bassin liégeois accueille des hauts-fourneaux de Cockerill à Seraing et puis à Ougrée, avant de s’étendre sur Flémalle au sud et Herstal au nord. Herstal, où parallèlement l’industrie armurière acquiert une renommée mondiale.
Charleroi dispose à ce moment d’un tissu industriel métallurgique prépondérant, et se distingue dans plusieurs autres domaines, en particulier dans l’industrie ferroviaire, l’électricité, la verrerie, la chimie, voire la finance. Charleroi s’étend, devient avec la conurbation du Centre la première métropole wallonne et se dote d’une bourse des valeurs et d’une université d’ingénierie et de technologie de pointe.
Malheureusement, à partir de la seconde moitié du XXème siècle, une série d’événements et de choix défavorables frappent durement les bassins houillers et Charleroi en particulier:
- Suite à la baisse des flux de charbon et d’acier, la diminution de l’activité industrielle provoque une dépression économique grave en Wallonie, ce qui désempare la classe ouvrière, jusque là industrieuse et courageuse, mais qui a grandi trop vite, se retrouve brutalement orpheline et n’est pas préparée à la reconversion[5]. La Wallonie est confrontée à un problème social grave, accentué par l’inaction, ou plutôt la quasi-inexistence d’une classe dirigeante.
- Charleroi, pourtant première métropole wallonne, située en position centrale et dotée de la taille et des infrastructures idéales n’est pas choisie pour recevoir la nouvelle administration de la nouvelle Région Wallonne.
- Son université technologique Paul Pastur, au lieu d’être complétée, est progressivement réduite.
- Surtout, Charleroi perd l’opportunité de cultiver l’élite qui lui eut permis de soutenir sa reconversion : elle est privée d’accueillir la section francophone de l’Université Catholique de Louvain et les facultés universitaires nécessaires au développement de sa population (en particulier une faculté de droit qui lui serait particulièrement utile dans le cadre de la lutte contre la délinquance). La moyenne générale du niveau d’études de la population carolorégienne est relativement faible.
Plus récemment, dans la même ligne, le Cercle de Wallonie, nouvelle figure du patronat wallon, présent dans plusieurs villes de Wallonie, envisage de s’implanter à Lille et à Bruxelles, mais « oublie » Charleroi.
Charleroi, centre de la Wallonie, est dépourvue de vision et de commandement. Le vaisseau amiral du Hainaut et de la Wallonie part à la dérive. Charleroi s’effondrant, les échanges de développement entre Charleroi et Bruxelles ou entre la Wallonie et le Brabant se meurent progressivement. La Wallonie s’enfonce dans le déclin suite à une cascade de décisions erronées, sans stratégie, ses investissements socio-économiques sont effectués en ordre dispersé.
On peut aussi spéculer sur le désintérêt de la Flandre par rapport à la chute des flux de charbon et d’acier wallons, mais le plus vraisemblable est que le manque de direction et de conduite à Charleroi a longtemps compromis l’évolution de sa population et son redressement industriel. De toute manière, la Flandre devrait toujours bénéficier du redressement carolorégien pour ses industries portuaires et d’exportation, fut-ce en contribuant à stimuler la dorsale Anvers – Bruxelles – Charleroi (ABC) et son climat d’affaires.
La Wallonie peut accélérer son redressement, notamment en complétant le plan Marshall du point de vue stratégique et en effectuant un recentrage sur Charleroi:
- Transférer l’administration régionale wallonne de Namur à Charleroi, laissant à Namur les matières qui lui correspondent le mieux, notamment un centre de coordination des politiques provinciales, des projets de développement éco-rural, l’agriculture et le tourisme.
- Créer à Charleroi même une université à part entière, soit en transférant une partie des facultés universitaires de Louvain-la-Neuve avec leurs étudiants à Charleroi (LLN peut poursuivre ses activités de recherche et devenir un pôle national de recherche scientifique et de développement entrepreneurial), soit en négociant avec chacun des autres centres universitaires wallons quelle(s) faculté(s) ils pourraient céder à l’université de Charleroi pour que cette dernière soit enfin dotée d’une offre d’enseignement universitaire complète, comme il correspond à son statut de première métropole wallonne.
- Choisir Charleroi comme siège de la nouvelle école d’administration publique wallonne.
Globalement, la perspective de cette réforme de l’Etat réclamée par la Flandre offre à la Wallonie une nouvelle opportunité d’isoler ses problèmes spécifiques, d’appliquer les mesures nécessaires de restructuration et de relance économique, et de se reconstruire comme entité distincte. Un certain (r)éveil semble poindre en Wallonie. Citons une publication du Mouvement du Manifeste Wallon le 28-10-2010 : « Aujourd’hui, on se rend compte qu’on peut utiliser cette identité comme levier pour que la Wallonie devienne maîtresse de son propre développement. Le sentiment d’appartenance wallon n’est plus en opposition au fédéral, mais bien complémentaire ». Heureusement pour la Wallonie, la transformation économique est en cours, les aides européennes et le plan Marshall commencent à produire des résultats positifs.
Les zones périphériques de la Wallonie semblent mieux loties, certaines d’entre elles bénéficient même d’un développement consistant : en particulier, la province de Liège grâce aux échanges avec le Limbourg, la Hollande et l’Allemagne et à la croissance soutenue de son aéroport pour le fret aérien et de son parc technologique ; Mons/Borinage tire son épingle du jeu malgré une reconversion très difficile, la région d’Eupen fait la jonction entre la Wallonie et l’Allemagne ; les Ardennes sont très favorablement positionnées par rapport au Luxembourg, à la France et aussi l’Allemagne. Il reste à compléter le plan Marshall en effectuant un recentrage sur Charleroi, première métropole de la Wallonie.
DÉVELOPPEMENT INTER-RÉGIONAL : LA DORSALE ABC (Antwerpen – Bruxelles – Charleroi)
L’accord de découpage a entraîné une paralysie du Brabant. Il affecte aussi très négativement les flux d’échanges intérieurs entre les principaux centres d’activité des deux plus grandes régions.
- ANVERS : principal pôle d’activité et agglomération de la Flandre avec ses installations portuaires et d’exportation, la réplique portuaire de son aînée Bruges grâce à sa logistique de pointe.
- BRUXELLES : point central de l’axe, établit la jonction et assure l’osmose nécessaire aux échanges entre les pôles des deux plus grandes régions.
- CHARLEROI : principal pôle d’activité et agglomération de la Wallonie avec ses infrastructures industrielles, fluviales et aéroportuaires.
Anvers et Charleroi sont équidistantes de Bruxelles, séparées seulement de 90 km sur l’axe qui représente l’optimum de jonction et de développement des trois métropoles régionales. Du point de vue fluvial, la liaison est assurée par le canal Charleroi-Bruxelles via l’Escaut jusqu’au port d’Anvers, une infrastructure idéale, fruit du labeur des générations antérieures, toujours pleinement d’actualité puisque son trafic a triplé au cours des 20 dernières années (de 1 à 3 millions T entre 1987 et 2006). Les meilleures conditions de développement tant métropolitain qu’interrégional sont réunies. Combien de pays au monde disposent d’une infrastructure aussi utile, aujourd’hui enfouie sous la poussière communautaire ?
Cette véritable dorsale de développement intérieur relie les deux métropoles effectives de la Flandre et de la Wallonie dont il ressort clairement qu’elles constituent les capitales régionales:
Mais aujourd’hui, les capitales régionales n’ont pas été choisies correctement:
- Anvers et Charleroi, toutes deux écartées officiellement comme capitales régionales, montrent des symptômes similaires, avec des taux de criminalité et de chômage supérieurs aux moyennes régionales.
- Charleroi, manifeste les signes les plus préoccupants : privée des échanges avec le Brabant paralysé, privée d’administrations, d’infrastructure universitaire et d’élite.
- Bruxelles où se concentre un flux d’immigration important et disproportionné par rapport au reste du pays mérite également une grande attention.
Véritable infarctus institutionnel, le découpage de la province de Brabant requiert un traitement spécifique, à savoir l’application de la règle de la stricte parité sur l’ensemble de la province, rendue nécessaire en raison des dégâts observés et des dangers potentiels. Il s’agit d’une règle simple, peu coûteuse, démocratique en termes de représentation politique, équitable en termes de répartition linguistique et à laquelle chacun peut se référer. Tel semble être le prix à payer pour rétablir la liberté des Brabançons ainsi que la paix et les échanges pour l’ensemble du pays.
A toutes fins utiles, nous précisons que ladite mesure concerne uniquement la province de Brabant telle qu’elle existe depuis près de deux siècles suite à la création de l’Etat Belge, et pas l’ancien duché de Brabant lequel a subi de très nombreuses mutations, réductions ou extensions au cours des siècles, notamment par le biais d’occupations, de mariages ou d’alliances entre nobles. Les provinces du Limbourg, d’Anvers et la Hollande ne sont pas concernées puisqu’il n’existe aucun problème d’ordre linguistique, démocratique, relationnel ou territorial avec ces entités.
L’accord proposé concernant la province belge du Brabant devrait avoir un impact positif sur les flux d’échanges, d’autant plus rapide que cet axe relie les centres d’activité d’Anvers et Charleroi, en prise directe avec Bruxelles dont ils sont équidistants, idéalement situés pour contribuer efficacement à l’essor du Brabant et favoriser leurs régions respectives.
La notion de parité au Brabant ne repose pas sur un point de vue philosophique ou égalitaire. Il s’agit d’une condition inhérente, presque physique, et nécessaire pour assurer son fonctionnement osmotique (I/O) comme lieu d’échanges. On parle ainsi de parité fonctionnelle. Les entités connexes peuvent dès lors évoluer à leur propre rythme autour de cette pierre angulaire stable, sans risquer de nuire au fonctionnement de l’ensemble.
Ce schéma fondé sur une expérience millénaire, très utile s’il est protégé et appliqué équitablement, pourrait être réactivé dans l’intérêt du pays, voire figurer au patrimoine sociétal de l’UNESCO et inspirer d’autres cas de gestion similaires comme celui de la ville de Jérusalem.
Dans le cadre de la présente solution, la province de Brabant n’est pas une région qui domine les autres. Le Brabant retrouve sa fonction première de région-charnière ou de région-carrefour et rétablit le lien entre la Flandre et la Wallonie (et donc l’harmonie au sein du pays), particulièrement en termes d’échanges et de développement commun. Sa dualité intrinsèque fait que nulle autre région ne peut l’égaler dans ce rôle.
Aux côtés de la Flandre comme première région, de la Wallonie comme deuxième région, le Brabant se présente comme une troisième région, porteuse d’avenir commun. En outre, si la communauté germanophone le souhaite, la création d’une quatrième région à Eupen est également possible.
La Belgique peut désormais exprimer pleinement la richesse de sa diversité économique et culturelle.
DÉVELOPPEMENT
Nous ne rappellerons pas ici les très nombreux et convoités atouts de la métropole bruxelloise telle qu’elle est étoffée par les deux Brabants et soutenue au nord par la Flandre et au sud par la Wallonie : capitale européenne, centre financier, centre de talents technologiques, plus grande place diplomatique au monde, nombreux centres de décisions, etc. Tous les experts s’accordent à dire que son potentiel est insuffisamment exploité. Outre ses avantages des points de vue politique et communautaire, la province de Brabant réunifiée comme région offre des perspectives nouvelles pour le développement général :
Mobilité
Dans le cadre d’une coopération bi-régionale Brabant / Flandre, il devient plus facile d’étudier les possibilités de désengorgement du trafic de marchandises entre Bruxelles et Anvers principalement, pour envisager une conteneurisation ferroviaire rapide (ou transport des camions via Shuttle, TGV ou tunnel dédié rapidement amortis vu le volume et la courte distance), voire un centre logistique de traitement accéléré pour le trafic France, Hollande, Allemagne et Grande-Bretagne, pour offrir aussi des services plus fluides et rapides à nos partenaires logistiques européens. Eu égard à leurs propres flux et réseaux routiers, les autres régions du pays ont intérêt à soutenir le Brabant et la Flandre dans cette politique. Il devient aussi plus facile d’étudier les dossiers du RER pour Bruxelles et le Brabant et du Ring 0 autoroutier pour Bruxelles et le Brabant, ainsi que ceux de la modernisation ou l’achèvement des chantiers des métros d’Antwerpen et de Charleroi (liaison TGV/aéroports).
Ferroviaire
Réactivation de la dorsale ABC grâce à des rames TGV reliant Antwerpen et Charleroi chacune à 20 minutes de Bruxelles:
- Liaison rapide avec les aéroports régionaux dans le cadre d’une modernisation de l’infrastructure pour la mobilité locale et européenne.
- Correspondance avec la transversale TGV wallonne Liège-Paris et l’aéroport de Charleroi.
- Des Bruxellois francophones peuvent envisager d’habiter à Charleroi ou de faire la navette.
Par ailleurs, pour des raisons de sécurité, il est indispensable de maintenir une structure ferroviaire fédérale et efficiente, en particulier dans la province de Brabant. Nous pensons en particulier aux derniers accidents ferroviaires et à l’absence de communication qui les a parfois provoqués.
Aéroports
Délester autant que possible l’aéroport de Zaventem du trafic interrégional et le transférer vers les aéroports à vocation régionale d’Antwerpen et de Charleroi, Zaventem gardant principalement les grandes capitales européennes et le trafic intercontinental. L’objectif secondaire vise aussi à réduire la surcharge à Zaventem et une partie des nuisances sonores pour les riverains.
Étendre les capacités de l’aéroport d’Antwerpen, ajouter des destinations vers les autres métropoles régionales européennes, en particulier vers l’Europe du Nord, la Baltique, etc.
Entreprendre dans le cadre de la politique scientifique une étude R&D impliquant principalement des techniciens aéronautiques (moteurs d’avion) et des ingénieurs du son pour concevoir un dispositif permettant de « capter et modifier ou annuler » les ondes sonores émises par les moteurs d’avion, à partir soit de l’avion lui-même soit des tours de l’aérodrome, pour éviter qu’elles atteignent le niveau du sol et les oreilles des riverains.
Accessoirement, pour des raisons de cohérence régionale, il est recommandé que l’aéroport de Charleroi Charleroi-Brussels-South Airport n’affiche aucune prétention brabançonne au même titre que l’aéroport d’Anvers et soit rebaptisé Charleroi Airport ou Wallonia Airport, sauf si l’aéroport d’Anvers est rebaptisé Brussels-North Airport.
Grande industrie/ Motorisation électrique des véhicules (idéal pour notre territoire aux distances courtes)
On s’aperçoit que les infrastructures industrielles et les savoir faire technologiques existants dorment et ne sont pas mobilisés pour la production industrielle du présent et du futur, celle par exemple de la motorisation électrique (voitures, camionnettes, deux-roues, etc.). La Wallonie et la Flandre disposent pourtant de tous les atouts nécessaires et complémentaires : en partant de Charleroi, pour les composants métalliques et composites, la chimie pour les batteries, les moteurs électriques, et puis les chaînes d’assemblage et de construction automobile, la logistique, la distribution et l’exportation en Flandre. Il s’agit d’un secteur industriel fondamental et important, en pleine transformation. Les atouts nécessaires, infrastructures et savoir-faire technologiques sont tous présents, en plus de notre territoire réduit et ses courtes distances pour les usagers. On peut étudier, concevoir et fabriquer avec des industriels et investisseurs wallons à Charleroi (UT, Alsthom, ACEC, Solvay, etc.) des moteurs/composants métalliques et électriques et des batteries pour fabriquer selon des processus d’ingénierie très pointus des véhicules confortables, fiables et esthétiques ayant la plus grande autonomie[6] possible, à assembler dans une des chaînes d’assemblage automobiles aujourd’hui disponibles en Flandre et que des investisseurs Flamands ou des actionnaires belges peuvent reprendre. La logistique, la distribution et l’exportation des véhicules est ensuite assurée à partir de la Flandre et d’Anvers. Il est possible d’innover et de s’inspirer de la conception aéronautique, notamment des matériaux composites ultralégers à Gosselies pour compenser la prise de poids due aux batteries. Outre le soutien courant aux Petites et Moyennes Entreprises, si nous voulons maintenir une part substantielle de notre propre activité industrielle et des savoir-faire associés dans des activités futures ayant une taille et des volumes industriels, il y a « urgence » ! Réunir des ingénieurs spécialisés dans la conception, les processus d’industrialisation et le marketing pour examiner les possibilités.
A titre d’information, la Nissan Leaf, 100% électrique, véritable voiture 5 places, 160 km d’autonomie, 140km/h maxi, fabriquée au Japon dans un premier temps, s’est déjà vendue à plus de 20.000 exemplaires aux Etats-Unis à un prix inférieur à 20.000 € éco-incitants déduits (32.780$-7.500$)[7], alors que la même voiture est annoncée à près de 30.000€ (après déduction ecobonus de 5000€)[8] en Europe. Si un tel écart de prix public est avéré, il devrait rester une marge importante pour la vente sur ce segment encore sans concurrence en Europe, du moins au début. Les productions délocalisées de ce modèle doivent démarrer dans des nouvelles usines sur chaque continent à partir de 2012.
Reconstruction de la Métropole de Charleroi
Outre les mesures précitées pour Charleroi (université complète, administration régionale, etc.), associer les politiques de l’emploi, du logement et la petite agriculture durable:
- Poursuivre la politique de rénovation du logement urbain, en offrant aux particuliers la possibilité de devenir propriétaires plutôt que locataires. En respectant la règle urbanistique des lotissements durables de logements attenants basée sur le mode concentrique traditionnel.
- Autour du périphérique R3 et du métro de Charleroi, humanisation du paysage, programme de micro-agriculture, réintroduction des très utiles bocages et du petit élevage, autant pour des petites exploitations indépendantes que des emplois CMT payés partiellement, par exemple, en produits du terroir.
- Accueil du surplus de francophones unilingues de Bruxelles qui peuvent être intéressés.
- Aménagement du site de la nouvelle université de Charleroi.
- Soutenir le projet d’extension du Campus technologique de l’Aéropole de Charleroi.
Urbanisme / Production alimentaire locale / Ecologie / Paysages
Dans le cadre d’un plan stratégique national visant le meilleur usage de nos ressources naturelles et alimentaires qui tient compte de la croissance de la population mondiale, de la hausse des coûts de l’immobilier, de l’énergie, de la raréfaction des surfaces cultivables et des produits alimentaires, revoir au plus tôt la législation des permis de bâtir des points de vue mobilité, isolation thermique, distribution énergétique et production agricole en faveur de l’habitat concentrique traditionnel – au lieu de la dispersion longiligne de l’habitat le long des routes nationales ou secondaires, un phénomène trop fréquent en Wallonie, mais aussi en Flandre, ce qui provoque des pertes énergétiques importantes pour les services publics de distribution, l’isolation des logements individuels, allonge les trajets des habitants, ralentit et fatigue les automobilistes à cause de la multiplication des limitations de vitesse suite à l’extension des zones d’agglomération, augmente fortement le coût de la logistique des ménages et réduit les surfaces cultivables du pays.
A ce titre nous rejoignons totalement la position du parti Ecologiste et de son ministre Philippe Henry: “L’objectif central est de freiner l’étalement urbain, qui engendre des dépenses énergétiques de transport ou de chauffage tant pour le citoyen – avec un risque de précarisation – que pour les pouvoirs publics“.
Le cas des bocages est très intéressant car ceux-ci :
- Servent de limites aux petites parcelles.
- Empêchent l’érosion, préservent les nappes phréatiques et réduisent les risques d’inondation.
- Servent de refuge à la faune et à la flore, et aux abeilles.
- Protègent les animaux contre les intempéries – des études agronomiques en Hollande ont démontré que les vaches protégées par les bocages fournissent un meilleur lait car elles sont mieux abritées.
- Constituent un appoint de bois de chauffage lorsque la gestion de la rotation est assurée sur le long terme.
- Peuvent inclure des arbres fruitiers.
- Permettent de reconstruire le paysage ayant souffert de l’érosion ou usé par l’agro-industrie.
Il est bénéfique de maintenir active la petite agriculture qui, grâce au contact permanent avec la terre et aux fruits de son travail au rythme des saisons, préserve le bon sens et la vraie valeur du temps. Pour les autres citoyens qui quittent leur domicile le matin et rentrent le soir il est très agréable de parcourir un paysage harmonieux et de respirer ses senteurs renouvelées.
Linguistique
Soutien de nos traducteurs pour les combinaisons de langues FR/NL et NL/FR:
Soutenir nos traducteurs locaux car depuis la crise communautaire, un nombre croissant de propriétaires de sites Internet d’institutions publiques belges boudent l’autre langue nationale[9]. Consulter, par exemple le site de la Ville de Charleroi (www.charleroi.be). La même chose est souhaitable pour d’autres organismes d’intérêt pour le public belge en général comme les Presses Universitaires de la KUL (http://upers.kuleuven.be/) dont la bibliothèque réputée a été constituée en partie par les contributions d’un nombre important de chercheurs francophones au fil des siècles. Ce phénomène est inquiétant car l’usage du métier est de traduire vers sa langue maternelle. Selon cette tendance, le volume de travail des traducteurs francophones et néerlandophones belges diminue fortement. Cette tendance, apparemment anodine, délocalise une partie considérable du travail de nos traducteurs, les prive d’une expérience importante, réduit aussi la pratique du bilinguisme en Belgique et creuse encore le fossé d’incompréhension entre nos deux communautés.
Apprentissage des langues
Se baser sur l’enseignement du français et du néerlandais à l’école pour stimuler l’apprentissage d’autres langues. Le français servant de tremplin vers l’espagnol et l’italien. Le néerlandais vers l’anglais et l’allemand. Les compétences linguistiques sont très importantes au Brabant, considéré comme « région élite » en Europe, en particulier pour les institutions et organisations internationales prestigieuses qui y ont leurs sièges, voire dans l’objectif d’en accueillir d’autres. La province de Brabant peut prendre exemple sur un Etat comme le Grand Duché du Luxembourg qui favorise le multilinguisme pour la cohésion nationale et comme atout à l’international.
Enseignement supérieur: Mettre à profit notre situation cosmopolite exceptionnelle pour améliorer le niveau qualitatif des facultés d’enseignement des langues, de traduction et d’interprétation pour atteindre le meilleur niveau d’enseignement linguistique mondial.
La capacité de l’offre d’enseignement, à tous les niveaux, doit également être établie sur la base paritaire sur l’ensemble du Brabant. Rapprocher les universités ULB et VUB, et accroître la capacité de la VUB.
Flandre : tourisme culturel, artistique et éducatif
Créer, au départ de Bruges, une offre de voyage maritime, dont la route est basée sur les anciennes relations entre Bruges, Venise et la Ligue hanséatique, comportant des étapes éducatives et des guides aux escales. Outre l’ensemble de la clientèle touristique, il s’agit d’un très beau voyage éducatif d’une dizaine de jours pour les établissements de l’enseignement secondaire de toute l’Europe ou pour enseigner de manière agréable l’évolution des techniques, des arts et du commerce à travers les siècles. Accessoirement, créer une appellation protégée « Véritable dentelle de Bruges », en collaboration avec un fabricant textile, un créateur de lingerie féminine et un distributeur international pour l’exportation vers des boutiques de haute couture du monde entier.
Energie
Orienter les efforts de nos chercheurs vers l’étude du captage et de l’accumulation des énergies basées sur les cycles naturels (éolien, solaire, forces gravitationnelles, etc.) plutôt que sur la combustion.
PROBLÈMES URGENTS À RÉSOUDRE
Le découpage en vigueur ne reflète pas la répartition démographique des francophones et des néerlandophones, disséminés de manière hétérogène du nord au sud de la province :
Le phénomène urbain d’exode du centre-ville vers la périphérie, quand les citadins recherchent des logements plus spacieux, plus verts, s’accentue dans le même temps. Ce phénomène, inhérent au développement des grandes agglomérations urbaines dans le monde, affecte les francophones et les néerlandophones de Bruxelles différemment:
- Un grand nombre de néerlandophones, attirés par les avantages proposés par la Flandre, créent un véritable exode depuis Bruxelles
- Bien que moins nombreux, des francophones déménagent aussi en périphérie, mais ils ne sont pas bienvenus car ils représentent une menace de « tache d’huile » sur le nouveau territoire flamand.
Un problème de contention ou de protection linguistique à résoudre pour les néerlandophones qui craignent le recul de l’usage du néerlandais et un problème de sensation d’étrangeté à résoudre pour les francophones.
Des conflits de représentation démocratique apparaissent (question de la scission BHV, refus de facilités linguistiques ou de nomination de bourgmestres) pour les francophones qui ne se sentent pas chez eux.
Un problème de représentation démocratique à résoudre pour les francophones.
Les néerlandophones et les francophones paient leurs impôts dans leurs régions respectives, mais pas à Bruxelles dont ils utilisent les services. L’enclavement administratif et fiscal provoque un étouffement et un appauvrissement de la capitale. Les projets de développement économique du Brabant sont à l’arrêt.
Un problème de disparité fiscale, de financement et de développement régional à résoudre.
Ces trois problèmes peuvent être résolus dans le cadre de la présente solution
Et si l’on se mettait d’accord pour gérer le dossier communautaire objectivement ?
PARTIE II
PROPOSITION DE RÉFORME DES INSTITUTIONS
DE LA RÉGION DU BRABANT DANS L’INTÉRÊT DE TOUT LE PAYS
La présente proposition concerne principalement une solution spécifique pour la province du Brabant, nœud du contentieux communautaire belge, tenant compte des exigences socioéconomiques, démocratiques et linguistiques flamandes (néerlandophones) et wallonnes (francophones).
PUBLIC
Cette note nécessite l’accord des responsables des deux plus grandes régions, la Flandre et la Wallonie. Son application s’adresse principalement aux autorités responsables et aux élus de tout le Brabant (Brabant néerlandophone, Brabant francophone et Bruxelles). La réunion des acteurs responsables du Brabant, soutenus par les instances fédérales, devrait avoir un effet rapide de décongestion du climat communautaire.
VŒU D’OBJECTIVITÉ DE L’AUTEUR
Comme auteur de cet article, je fais vœu d’objectivité, sans intention de favoriser ou de défavoriser l’une ou l’autre communauté de notre pays. Mon unique objectif vise à rapprocher nos communautés et à contribuer aux études visant à simplifier et à rationaliser certaines de nos institutions pour le bien être commun dans un cadre de vie politiquement, économiquement et culturellement épanouissant.
J’ai la plus grande estime pour le métier de la politique que je tiens pour un des plus difficiles, mais je ne milite pour aucun parti politique et ne poursuis aucune carrière politique. Je ne fais partie d’aucun lobby, d’aucune organisation qui recherche des intérêts privés à travers les institutions démocratiques.
Plan comportant une réforme institutionnelle et l’instauration d’une Coopération Linguistique
Est-il possible d’envisager la province de Brabant autrement que comme un territoire qui doit être morcelé entre la Flandre et la Wallonie, ce qui implique des efforts très coûteux pour chacune, mais plutôt comme une région libre dont les échanges bénéficient à l’ensemble ? Nous proposons, après autant d’années de contentieux communautaire, de revoir le statut de cette région en fonction de sa nature mixte et indivisible, et de lui donner sa chance grâce à la coopération linguistique et économique. Ce plan respecte la frontière linguistique, les droits démocratiques de tous les Brabançons où qu’ils soient ainsi que les préoccupations de la Flandre vis-à-vis de la langue néerlandaise et de la responsabilisation sans appauvrir aucune région.
Ce plan signifie l’adoption par la Flandre et la Wallonie d’une
« métamorphose politique reposant sur deux pieds » :
un pied au Brabant (approche communautaire) et
un pied dans leurs régions respectives (approche identitaire)
CONDITIONS PRÉALABLES
Reconnaissance par la Flandre et la Wallonie de la spécificité de la population mixte du Brabant et de son utilité comme région d’échanges
La population de la province de Brabant représente environ 1.300.000 francophones et 1.100.000 néerlandophones pour un peu plus de 2.400.000 habitants au total. Le Brabant est une région mixte, indivisible comme nous l’avons vu précédemment. Mieux, selon les chiffres, les deux communautés sont presque à parité !
Tant que les conditions d’un schéma paritaire restent favorables pour les échanges, avant que l’écart se creuse et accentue la rancune ou les regrets – compréhensibles – des néerlandophones qui se sentent évincés de Bruxelles, il est recommandé d’exploiter ces conditions idéales dans le cadre d’une politique de Coopération Linguistique paritaire. Il y a seulement un écart de 200.000 néerlandophones à accueillir depuis la Flandre où la densité de population est plus élevée (un autre facteur favorable).
Pour rendre sa gestion possible, il est nécessaire que la Flandre et la Wallonie renoncent à la mise sous tutelle parcellaire du Brabant, en échange de garanties concrètes et écrites comme des mesures de coopération linguistique, le respect des droits démocratiques et de la propriété des habitants et des entreprises, ainsi que de tous les droits dont ils disposent à ce jour.
Cette reconnaissance rend possible un redressement de la représentation flamande à Bruxelles qui se fond dans l’ensemble du Brabant, en même temps qu’elle rassure les francophones sur leurs craintes d’être annexés.
Reconnaissance de la nécessité d’une politique de protection de la langue néerlandaise au Brabant
Lisons Het Laatste Nieuws du 14/10/2010 : « Steeds minder Nederlandstaligen in faciliteitengemeenten : In een open brief aan de Vlaamse regering vraagt de Kraainemse volksvertegenwoordiger Luk Van Biesen (Open Vld) maatregelen om via het huisvestingsbeleid het aantal Nederlandstaligen in de faciliteitengemeenten te doen toenemen. Het aantal Nederlandstaligen neemt er immers sterk af en is in diverse van deze gemeenten gezakt onder de 25 procent. Van alle woningverkopen gaat 80 procent naar anderstaligen … ”. La densité de population est beaucoup plus élevée en Flandre qu’en Wallonie. La question de l’espace néerlandophone, une préoccupation majeure en Flandre, ne semble pas bien connue ou comprise par les francophones qui continuent à progresser vers le nord. Dans l’intérêt général et de la parité fonctionnelle au Brabant, il est souhaitable que les francophones examinent cette préoccupation attentivement et acceptent que des mesures de protection de la langue néerlandaise soient prises de manière concertée au Brabant pour obtenir la formation de la Région du Brabant en échange.
Par ailleurs, un nombre croissant de francophones estiment ne plus devoir respecter l’usage du bilinguisme dans les administrations ou les commerces à Bruxelles[10] alors qu’aujourd’hui, le néerlandais est une langue véhiculaire codifiée, notamment dans l’administration, le commerce et les médias, mais c’est aussi, pour les francophones qui savent saisir cette opportunité, un tremplin efficace pour apprendre d’autres langues germaniques comme l’allemand ou l’anglais.
Sous l’effet du découpage et de la mondialisation, le bilinguisme disparaît des administrations et des commerces. Les francophones répliquent qu’ils se sentent défavorisés lors des embauches et voient de moins en moins l’utilité d’apprendre le néerlandais pour travailler dans une administration ou une entreprise. Ceci est accentué par le schéma actuel qui pénalise le bilinguisme au profit de l’unilinguisme. Le découpage, outre qu’il ne correspond pas à la répartition linguistique de la population, a créé des zones unilingues et a fait perdre une grande partie de l’expérience et de la pratique du bilinguisme dont nous avons pourtant grand besoin dans les zones d’échange ou de communication à l’intérieur du Brabant, en particulier à Bruxelles et dans les voies de transit. C’est pourquoi l’usage des services bilingues minimaux doit être revalorisé dans l’administration, ainsi que dans les commerces et les voies de transit.
Pour des raisons évidentes de gestion sur le terrain, les mesures de coopération linguistique sont vaines si elles ne sont pas prises de manière concertée. Seule, la communauté néerlandophone ne peut pas prendre ces mesures. Un cadre bilatéral est indispensable. Il hautement souhaitable que la communauté francophone fasse un geste, revoie ses véritables intérêts et exigences, manifeste sa bonne volonté, s’engage vis-à-vis de la communauté néerlandophone et contribue aussi efficacement que possible à la bonne gestion de ce dossier. Parallèlement, il est demandé à la communauté néerlandophone de s’engager à toujours respecter la parité au Brabant lorsque les mesures de coopération seront d’application.
Reconnaissance des droits démocratiques des francophones dans la périphérie
On peut penser que la Flandre est la plus réticente à revoir le schéma d’annexion de la province de Brabant à cause de son territoire plus exigu, mais elle ne peut plus poursuivre un processus qui consisterait à assimiler d’une manière ou d’une autre plus d’un million de francophones incluant ceux de la périphérie, sauf à s’écarter de la voie démocratique. Il est possible de respecter les droits démocratiques et des facilités pour ces francophones de la périphérie et de geler la francisation au nord, en s’inspirant par exemple des travaux effectués dans d’autres pays et en appliquant des outils de gestion bilatérale et concertée.
Abandon de la revendication d’un couloir francophone vers la Wallonie
Cette revendication n’est plus nécessaire à partir du moment où les droits linguistiques, électoraux, juridictionnels, etc. des Brabançons sont reconnus et appliqués sans discrimination aucune. Il serait par contre fort utile qu’un certain nombre de communes bilingues situées sur les voies d’accès entre la Flandre et la Wallonie soient gérées et protégées comme telles dans le cadre de la coopération linguistique.
Comme nous le verrons plus loin dans la politique de coopération linguistique, il est primordial de maintenir une présence néerlandophone au sud de la périphérie de Bruxelles, pour ne pas déstabiliser l’équilibre linguistique du Brabant.
Indépendance de décision
Si la prospérité de la province de Brabant est due aux poussées conjointes de la Flandre et de la Wallonie, des risques de pressions géopolitiques extérieures peuvent s’ajouter. Les fondateurs de la Belgique avaient sagement prévu le statut de neutralité (un statut toujours d’application en Suisse qui se protège ainsi des tiraillements entre l’Allemagne, la France et l’Italie). L’indépendance de décision et la prudence restent plus que jamais de rigueur au sein des instances politiques du Brabant en particulier, et du pays en général (souveraineté nationale). Trop occupés par la montée des querelles communautaires, partisanes et électorales, nos concitoyens ne s’aperçoivent pas que notre pays a perdu récemment un grand nombre d’institutions et d’entreprises nationales importantes – pourtant constituées à partir du labeur, du savoir-faire, des redevances et des impôts payés par les citoyens belges pendant plusieurs générations – placées aujourd’hui sous le contrôle d’organisations étrangères. Le lobbysme extérieur et les jeux d’influences sont des pratiques implicites de plus en plus actives au sein des cercles de décision de la Belgique. Les acteurs du plan doivent veiller constamment à préserver leur autonomie afin de se consacrer librement et entièrement aux intérêts et à la stabilité de la région dans l’intérêt général. L’indépendance de décision est un gage d’objectivité et de stabilité qui sera très apprécié par nos partenaires de l’étranger.
UN PROBLÈME LOCAL
En résumé, nous constatons que la province de Brabant n’est pas divisible pour des raisons démocratiques, politiques, historiques et démographiques. Chaque tentative d’appropriation de cet ensemble spécifique par la Flandre ou la Wallonie, ou par une puissance extérieure, génère des conflits. Nous y voyons un problème local, longtemps obscurci par les enchères électorales, particulièrement pénalisant pour la gestion nationale.
La dernière réforme institutionnelle menée par les deux plus grandes régions a transformé le Brabant en un « patchwork » de zones d’intérêts très divergents, chacune sur le point de devenir exclusivement unilingues, dans une configuration ingérable et propice aux tensions. Qui aurait pu prévoir que l’accord institutionnel de 1992-1993 produirait des effets aussi radicaux et négatifs ?
Il n’y a pas de problème communautaire pour les 8 provinces unilingues (4 provinces flamandes et 4 provinces wallonnes), nous procédons par élimination et recherchons une solution pour la seule province de Brabant.
PRINCIPE DE BASE
Avec le soutien du niveau fédéral, les Brabançons sont ensemble les plus aptes à résoudre un problème local important qui rejaillit sur l’ensemble du pays, en suivant la démocratie comme principal guide, pour restaurer le Brabant comme zone d’échanges et revenir à la situation normale.
Pourquoi confier aux élus Brabançons l’autorité de gestion de la coopération linguistique ?
Tout change !
- Le Brabant cesse d’être un champ de bataille communautaire où la Flandre et la Wallonie cherchent à gagner du terrain ou des avantages (concurrence négative).
- L’autorité Brabançonne n’a pas intérêt à ce que ses membres se perdent en conflits stériles. Au contraire, l’autorité gère en bon « pater familias » et son intérêt est de favoriser l’ensemble de ses membres et l’intérêt général (cohésion positive).
- Une politique bilatérale et concertée localement sera beaucoup plus efficace pour défendre les droits linguistiques et démocratiques.
Les Brabançons méritent de recevoir les prérogatives liées à la restauration du Conseil du Brabant et aux compétences régionales car ils assument des efforts supplémentaires au quotidien:
- Gestion du volet linguistique, garantie des libertés démocratiques au bénéfice de la convivialité au sein de toute la province/région (grâce à l’outil institutionnel idéal de la parité).
- Maintien de la zone d’échanges primordiale pour le développement de toutes les régions qui soutiennent le Brabant dans ce sens.
LE PLAN « BRABANT 2015 »
Restauration de l’autorité réintégrée de la province de Brabant réunifiée
Investie d’un mandat communautaire par les autres régions, la province de Brabant réunifiée devient une troisième région dont les administrations sont centralisées à Bruxelles. L’organe et l’administration du gouvernement régional sont composés d’élus brabançons uniquement. Leur fonctionnement est régi par le bilinguisme et la stricte parité.
L’acceptation de la règle de la STRICTE PARITÉ, est d’abord une nécessité fonctionnelle, et aussi un geste de la part des francophones, bien qu’ils soient légèrement majoritaires au niveau de la province rajeunie devenue une nouvelle région. Les néerlandophones se retrouvent maintenant beaucoup mieux représentés (50% sur l’ensemble contre à peine 10% à Bruxelles aujourd’hui) puisque la capitale se fond dans l’ensemble de la Province/Région. Les disparités de représentation électorale à Bruxelles n’ont plus de raison d’être.
Certains objecteront avec raison que la parité absolue de la population est impossible à atteindre, mais dans la situation actuelle qui est la nôtre, l’application de cette règle sera bien plus juste que les distorsions électorales FR/NL existantes à Bruxelles et dans la périphérie.
Un engagement est demandé à la région flamande pour faire revenir environ 200.000 néerlandophones depuis la Flandre vers le Brabant, en particulier à Bruxelles, pour rétablir une représentation néerlandophone suffisante à Bruxelles, réanimer le bilinguisme et obtenir la parité sur l’ensemble de la nouvelle troisième région. Parallèlement, un engagement est demandé aux Bruxellois francophones pour réserver un bon accueil aux néerlandophones et respecter les usages du bilinguisme.
Création d’une Commission de Coopération Linguistique (OUTIL Nº 1)
Créer une Commission de Coopération Linguistique (CCL), basée sur le strict respect de la parité, spécialement désignée pour la mise en œuvre de la coopération linguistique tout en respectant le tracé linguistique et sans perturber la population. Il s’agit d’une matière communautaire commune.
A notre connaissance, l’organe politique bilingue existant chargé de régler et gérer les matières communautaires communes, la Commission Communautaire Commune (COCOM), est limité au périmètre des 19 communes bruxelloises et n’est pas compétent pour les aspects linguistiques. Il peut être utile d’étudier du point de vue du droit constitutionnel la possibilité d’étendre le périmètre d’action de cette commission à l’ensemble de la province de Brabant et de lui attribuer une compétence de coopération linguistique ou, vu l’ampleur du dossier, de créer une nouvelle Commission de Coopération Linguistique (CCL).
La Commission proposée dans le cadre de cette étude n’a pas le droit de modifier la situation existante des propriétaires et locataires. En termes de logements, la Commission ne fait que gérer l’évolution des mouvements (attributions lors des mises en vente et des locations). Il ne faut pas sous-estimer ni le potentiel de la gestion des mouvements de la population ni les risques liés à l’absence de coopération
Cette Commission interdisciplinaire regroupe des experts brabançons à parité FR et NL spécialisés dans le cadastre, l’urbanisme, l’architecture, la sociologie, la linguistique et l’enseignement. Ses Membres sont désignés pour leur intégrité et leur impartialité en matière communautaire, reconnues à partir de références dans leurs emplois précédents. Son action est principalement une action anticipative et de terrain.
Plusieurs instruments sont disponibles pour la mise en œuvre de la coopération linguistique. Plutôt que le Wooncode imposé unilatéralement, nous proposons ici un outil dérivé de la gestion dans l’espace et le temps afin d’appliquer en commun une politique de gestion linguistique selon des principes établis de manière concertée.
Les indications proposées ci-dessous s’adressent aux gestionnaires du volet linguistique :
Elles sont appelées à être améliorées ou simplifiées sur la base des compétences et de l’expérience des membres de la Commission de Coopération Linguistique.
En fonction des différents types de zones linguistiques, la Commission assure la gestion selon des principes élémentaires de la gestion des stocks en procédant aux assignations :
– des propriétés enregistrées FR ou NL (les emplacements) aux
– citoyens futurs propriétaires ou locataires enregistrés FR ou NL (les occupants
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Pour la population, la règle est très simple :
il suffit de consulter les publications des agences immobilières dans sa propre langue
pour connaître les logements disponibles.
Dans l’objectif d’une véritable politique de gestion communautaire, la Commission est d’abord investie d’une mission ponctuelle consistant à enregistrer dans la base de donnée cadastrale les personnes et les propriétés FR ou NL ainsi qu’à définir, identifier et inventorier les :
- zones bilingues
- zones unilingues
- voies de transit
Zone Bilingue: Typiquement Bruxelles-capitale. Le personnel des administrations et des commerces dispose des compétences bilingues suffisantes pour recevoir le public dans sa propre langue. De nouvelles zones bilingues contigües pourraient être éventuellement créées pour autant que l’équilibre paritaire ne soit pas perturbé, avec l’aval du Comité Fédéral de Surveillance de l’Embauche Proportionnelle au Fédéral et Paritaire au Brabant.
Zone Unilingue : Typiquement, l’arrondissement de Leuven. Principalement résidentielle, il s’agit d’une zone d’habitat linguistique protégé où tous les logements mis en vente ou en location sont enregistrés NL et obligatoirement destinés à des occupants NL.
Voie de Transit : Typiquement, les voies d’accès et de sortie entre Bruxelles et les autres régions, les chemins bordés de commerces et de stations services. Par exemple, jusqu’à et à l’intérieur de l’aéroport de Zaventem. Route ou lieu de passage traversant une zone d’habitat linguistique protégé, mais où les gens qui transitent par cette voie et ses services (par ex. les stations autoroutières) sont reçus par un personnel et un affichage bilingues ciblés pour éviter la sensation d’étrangeté ou d’inhospitalité pour celui qui ne parle par la langue du lieu qu’il traverse, par exemple au sud du Gordel, dans l’arrondissement Hal-Vilvoorde ou de Nivelles. Il est fortement recommandé de rétablir l’affichage bilingue dans les voies et lieux de transit des Brabant néerlandophone et francophone, déterminés de commun accord.
Ensuite, après la définition et l’inventaire, en respectant la situation existante et le tracé de la frontière linguistique pour ne pas perturber la population, la mission de cette Commission devient permanente:
- Suivi de l’équilibre paritaire par la gestion d’une base cadastrale. L’outil est simple : Il concerne une gestion linguistique (FR/NL) de la base de données cadastrale, inspirée des principes de la gestion des stocks : les propriétés enregistrées FR ou NL sont gérées comme des emplacements et les personnes enregistrées FR ou NL sont gérées comme des occupants. Ces données sont communiquées aux agences immobilières et aux publications qui diffusent les disponibilités des mises en vente et des locations. Par exemple, les logements de l’arrondissement de Leuven sont d’office enregistrés NL et ne peuvent recevoir que des occupants enregistrés NL. Et ainsi de suite, pour respecter l’ordre établi, la propriété, la frontière linguistique et la parité. La base de données est complétée avec les autres paramètres Zone Bilingue, Zone Unilingue et Voie de Transit.
- Une fois la parité obtenue, des excédents numériques, tantôt francophones, tantôt néerlandophones se produiront. Il est primordial que les deux communautés s’engagent à toujours respecter l’objectif de parité, et à assurer la gestion de manière à rétablir la parité dès que des excédents apparaissent. A cet effet, la Commission utilise en permanence un baromètre de l’évolution de l’usage du français et du néerlandais comme langues maternelles, pour savoir dans quel sens orienter les mesures de coopération linguistique et garantir l’équilibre paritaire. Dans ce cadre, la Commission dispose d’un certain nombre de sites et de logements neutres (c.-à-d. non-enregistrés FR ou NL) comme marge de manœuvre nécessaire pour la gestion, non seulement pour permettre de suivre l’évolution de l’accroissement de la population, mais aussi pour les immigrants. Cet outil de gestion, suffisamment efficace pour suivre l’objectif de la parité, dispose encore d’un levier supplémentaire si nécessaire, toujours sans contraindre la population.
- La publication immobilière des logements mis en vente ou en location par les particuliers a lieu dans des bulletins immobiliers ou des journaux unilingues dans la langue d’attribution du logement. Par exemple, l’édition francophone du toutes-boîtes Vlan est autorisée à publier des logements enregistrés FR uniquement. Parallèlement, les logements enregistrés NL ne peuvent être publiés que dans des médias unilingues NL.
- Veiller à l’affichage et à l’accueil bilingues dans les zones bilingues et de transit.
- Toute personne cherchant à contrevenir à la règle d’attribution linguistique est sanctionnée, en devant remettre le logement à disposition à ses frais et s’acquitter d’une amende.
Il serait intéressant de mener dès que possible une expérience pilote sur une commune ou un fragment de chacun des types de zone : Bilingue, Unilingue et Transit, incluant un site marge de manœuvre.
Avec l’aide de juristes et des organes compétents, le Ministère des Affaires Etrangères prépare un dossier juridique spécifiant que les mesures de coopération linguistique sont dues à la composition mixte de la population locale, appliquées de manière équitable suite à un accord bilatéral et sans discrimination, de manière à prévenir toute plainte auprès du Conseil de l’Europe et à harmoniser notre législation au niveau européen.
Reconstitution d’une présence néerlandophone suffisante à Bruxelles.
Rétablir une présence et une représentation néerlandophones suffisantes, tout en veillant à la bonne attitude et au sens civique mutuel des francophones et des néerlandophones, particulièrement au niveau des structures administratives bilingues. Le triple objectif de cette mesure vise à rétablir:
- La parité la plus équilibrée possible sur l’ensemble du Brabant.
- Une représentation électorale néerlandophone suffisante à Bruxelles.
- La pratique du bilinguisme à Bruxelles.
Si la Flandre et la Wallonie sont toutes deux responsables du découpage et de ses effets négatifs sur la population, la quasi disparition de l’usage du néerlandais à Bruxelles est un véritable problème pour la Flandre alors que Bruxelles reste la capitale de la Belgique. Rappelons que les néerlandophones ont beaucoup contribué à la construction de la ville de Bruxelles. Cette observation s’adresse principalement aux responsables politiques et à la population francophones pour qu’ils considèrent ce problème auquel la population flamande est particulièrement sensible. Un néerlandophone faisait remarquer sur un forum: « Oui, mais est-ce qu’on a encore envie de revenir à Bruxelles ? ».
Parallèlement au développement très important de bâtiments administratifs ayant provoqué une forte hausse du coût de l’immobilier et une certaine forme de déshumanisation de l’habitat à Bruxelles, mettre en place une politique de logement véritablement axée sur le citoyen et la convivialité entre les communautés, par le biais d’un programme de construction / rénovation immobilière pour construire (par des architectes et urbanistes brabançons) en 4 ans à Bruxelles environ 40.000 logements pour des néerlandophones uniquement et rétablir une présence et une représentation néerlandophones suffisantes, particulièrement au niveau des structures administratives bilingues. Le triple objectif de cette mesure vise à rétablir:
- La parité la plus équilibrée possible sur l’ensemble du Brabant (calcul du nombre de logements ci-dessus).
- Une représentation électorale néerlandophone suffisante à Bruxelles.
- La pratique du bilinguisme à Bruxelles.
Réutiliser des bâtiments administratifs libérés à partir des communautés ? Obtenir de l’aide fédérale auprès de la Régie des bâtiments ? La Monarchie peut-elle contribuer à ce projet ? Quels sont les élus locaux ou les mécènes motivés par le retour de la convivialité au Brabant ? Introduire une demande auprès du fonds européen FEDER pour obtenir une aide financière spécifique car l’offre immobilière citadine s’est fortement réduite suite à la forte hausse des bâtiments administratifs.