La grande erreur que les partisans de la Belgique ont commise dans le passé et qu’ils commettent encore aujourd’hui est de tomber, d’une part, dans une sorte d’optimisme passif (‘ce n’est pas si grave’) et, d’autre part, dans un négativisme fataliste (‘nous ne pouvons quand même rien y faire’). Ce sont les deux extrêmes. Entre les deux, il y a le juste milieu. C’est la masse des gens qui errent, indifférents, partisans de la Belgique si l’occasion se présente, mais souvent tacites. Le défaitisme affaiblit, la passivité est mortelle. Il n’y a pas de proie plus facile que celle qui demeure passive. Un animal qui sait qu’il va mourir peut encore être dangereux, un animal qui dort mourra d’une mort silencieuse en cas d’agression.
Dès lors, nous sommes passés à la contre-attaque. Animés d’une foi inébranlable dans les valeurs démocratiques, nous unissons nos efforts pour éradiquer le nationalisme criminel. Il n’y a rien de pire que de dresser les hommes les uns contre les autres, que de semer la haine ou la discorde. Les masques ont beau être économiques, sociaux ou progressistes, le leitmotiv de nos adversaires n’a fondamentalement pas changé: la non-acceptation des différences dans la société. De tous les côtés se lèvent des voix ‘belliqueuses’: la Flandre par-ci, la Flandre par-là, la Flandre doit recevoir plus d’autonomie, la Flandre doit de toute urgence devenir une Région à part entière, la Flandre est ceci et cela et également cela…
Un texte en guise d’illustration (d’un nationaliste inconnu):
Une nouvelle Europe sans la Belgique
L’Union européenne court des risques avec l’adhésion prochaine de quelques pays de l’Europe de l’Est. La gestion, qui aujourd’hui est bien inefficace, deviendra impossible. L’Europe doit être divisée en des aires de civilisation: une aire de civilisation romane, germanique et slave. Ce sont en effet ces aires qui composent actuellement l’Union. Les aires de civilisation doivent à leur tour être divisées en des communautés linguistiques, car il est évident que les hommes sont unis par une langue. Un système majoritaire doit entrer en vigueur dans ces aires, mais le droit de veto des trois aires de civilisation doit s’appliquer dans toute l’UE. Afin de faciliter la répartition de l’Union d’après ces aires de civilisation, il faut définitivement scinder la Belgique. La Flandre avec les Pays-Bas et la Wallonie avec la France. Finie la Belgique, commence une Europe nouvelle.
La Flandre, tout comme la Wallonie d’ailleurs, est en réalité une région insignifiante de l’Europe de l’Ouest qui n’existe que par la grâce de la Belgique, dont la superficie est à son tour réduite. A tout seigneur tout honneur, nos adversaires se sont bien débrouillés ces trente dernières années en créant un dédale de gouvernements et parlements de toutes sortes pour ensuite venir dire que leur propre créature de Frankenstein ne fonctionne pas, en scindant les partis nationaux, en dressant les populations – par ailleurs sans succès – les unes contre les autres. Mais, comme d’habitude, le crime parfait n’existe pas. Aujourd’hui, nous constatons d’une part que les nationalistes veulent de trop en voulant aller trop vite et que, d’autre part, les forces partisanes de la Belgique se rassemblent.
Nous ne sommes pas exagérément optimistes. Nous savons de quoi nous sommes capables et de quoi pas encore. Mais nous savons que l’Histoire est en train de se retourner, lentement mais sûrement, contre cette petite clique de séparatistes qui s’est ancrée dans les partis (majoritairement flamands). Par ailleurs, nous sommes pleinement conscients que nous aussi, et je veux dire par là toutes les forces partisanes de la Belgique, nous pouvons perdre. Nier une telle possibilité serait une gaffe fatale, mais l’envisager obstinément encore plus. Les erreurs du passé ne se répéteront plus. Notre argumentation solide et notre discours intellectuellement fort couperont bras et jambes à nos adversaires. Malgré les nombreuses crises qui nous attendent encore, l’évolution historique nous donnera raison. Dans un monde globalisé, il n’y a plus de place pour un nationalisme dépassé et raciste. Nos adversaires veulent créer une Europe féodale composée de centaines de micro-Etats monoculturels. La Belgique a été mise sur une voie de garage vers le passé, tout droit vers le gouffre. Mais ce crime apparemment parfait ne réussira pas. Voilà notre profession de foi inébranlable.